La nuit tombait sur le village endormi. Stan gravissait la colline et rendait grâce aux dieux ! Voici deux semaines qu'il priait et enfin il avait été entendu : la lune était pleine. Il s'arrêta un instant, prenant soin d'observer derrière lui. Personne ne le suivait. Tandis qu'il allait se remettre en route, une crampe le fit vaciller. Il serra les dents, le visage déformé et rougi. Lorsque la douleur commença à passer il se hâta de poursuivre. Il grimpait d'un pas décidé cette colline dénudée dont seul le sommet était coiffé d'un sapin. Vestige pathétique de ce qui avait été la grande forêt de l'ouest. Il marcha encore quelques instants avant d'arriver enfin devant l'arbre. Dans sa main il tenait, serrées, plusieurs feuilles de parchemin. Il se retourna et regarda le village en contrebas. Les chaudes lumières des chaumières illuminaient les ténèbres. Alors, ne tenant plus, les mains tremblantes, il baissa énergiquement son pantalon. Aussitôt un bruit long et lugubre déchira la quiétude des lieux. Depuis quatorze lunes qu'il était constipé il avait rêvé mille fois cet instant magique. Et tandis qu'il demeurait là, une odeur nauséabonde l'entoura. Il repensa alors à la sorcière. Celle chez qui il avait été chercher de l'aide en désespoir de cause. Il avait acheté sa potion de déconstipation qu'il avait payé deux sous. Et il se rappela ce qu'elle lui avait dit. "Bois ce breuvage, et lorsque la pleine lune arrivera, trouves toi un majestueux sapin...". Il n'avait pas fallut qu'elle en dise plus, il avait compris ce qu'il lui restait à faire. "Etes-vous certaine que ça marchera ?", avait-il demandé. "Tout finira bien, rassure toi !", avait-elle répondu en souriant. Et avant qu'il ne parte elle lui avait attrapé le bras en le fixant de ses yeux sombres et lui avait glisser à l'oreille : "N'omets surtout pas le sapin. L'histoire raconte une fin, mais ceci doit arriver malgré tout !".